Les sports de démonstration, comme le «wushu gong fu», ont été supprimés des JO depuis 1996. Mais il y aura bien une compétition parallèle à Pékin.
Contrairement au Japon et à la Corée qui auront su faire accepter l'un le judo (1) l'autre le taekwondo (2), la Chine n'aura pas réussi à faire admettre le kung-fu en démonstration pour les Jeux de Pékin. Pour la bonne et simple raison que les sports de démonstration ont été supprimés à l'issue des Jeux d'Atlanta en 1996, pour cause de programme trop chargé.
Mais finalement, qui le saura ? Pas les Chinois. Les autorités, passées maîtres dans l'art de la communication, ont organisé des compétitions en parallèle des Olym- piades. Simplement, les médailles ne seront pas labellisées CIO…
Au demeurant, le terme kung-fu est incorrect. Il vient du cantonais et signifie en gros «maîtrise d'une technique». Il a été popularisé dans les années 1970 par les films de Bruce Lee, né aux États-Unis, mais qui a vécu sa jeunesse à Hongkong (où l'on parle cantonais). L'art martial pratiqué par Bruce Lee était le wing chung kung fu. N'est restée que la fin.
Les Chinois désignent leurs arts martiaux par le terme wushu. Wushu gong fu (en mandarin) signifie «maîtrise d'art martial chinois». Il en existe plusieurs centaines mais la modernité signifiant en Chine aussi simplification, le wushu moderne n'en comporte plus que deux, le wushu taolu, qui s'apparente à de la gymnastique et est donc noté par des juges, et le wushu sanda, un sport de combat. Les deux formes seront en démonstration à Pékin.
Les Chinois ne désespèrent pas de faire du wushu moderne, notamment du sanda, un sport olympique. Il faudra prouver qu'il est pratiqué dans au moins cinquante pays sur trois continents chez les hommes et trente-cinq pays, également sur trois continents, chez les femmes.
C'est difficile car chaque club de wushu, ou de kung-fu en Occident, se réfère à une école spécifique autoproclamée la meilleure, concurrence oblige. Chaque école prône son wushu, ou plus exactement sa boxe, dont certaines sont tirées de l'imitation des animaux (tigre, serpent, singe, ours, mante religieuse, aigle,…). Cela pour celles qui pratiquent le style externe (yang). Celles qui s'adonnent au style interne (yin), comme le célèbre tai-chi (ou taiji), prônent une gymnastique douce à usage thérapeutique, à l'instar du yoga.
Toutes se réfèrent néanmoins peu ou prou au temple de Shaolin où serait né l'art martial chinois, sur le mont Song, une des cinq montagnes sacrées de Chine, dans la province de Henan (600 kilomètres au sud de Pékin). Ironie de l'histoire, c'est un moine bouddhiste, Bodhidharma, qui aurait apporté ces techniques, vers 475 après J.-C., au temple de Shaolin. Les autorités chinoises accréditent cette légende, une façon très politique de suggérer que les Chinois n'ont pas de leçon à recevoir en matière de bouddhisme, fût-ce du Népal, même si, de l'avis général, le kung-fu s'inspire du taoïsme.
Une disclipline hétéroclite:
Toutes ces raisons expliquent les réticences du Comité olympique à valider une discipline si hétéroclite. À moins de faire le distinguo, comme le propose, diplo- mate, Qian Daliang, manager du temple Shaolin : «Le wushu chinois appartient à la catégorie des sports de compétition, tandis que le wushu de Shaolin est un art martial traditionnel.»