形 (xing) : Forme, corps, silhouette, paraître, comparer
意 (yi) : Sens, intention, désir
拳 (quan) : Poing, boxe
Le Xing Yi Quan (ou Hsing i Chuan), également connu sous le nom de "Poing de la forme et de l'intention", est un art martial chinois interne profondément ancré dans la philosophie taoïste. Cette pratique séculaire se divise en trois grandes branches régionales : le Xing Yi du Shanxi, considéré comme orthodoxe, le Xin Yi Liu He Quan du Henan (ou la boxe du cœur des six harmonies), et le Xing Yi du Hebei. Des formes claniques, parfois liées aux courants majeurs, ajoutent des nuances subtiles à cette riche tradition.
Origines et Histoire :
Les racines du Xing Yi Quan remontent à Ji Longfeng, un expert renommé du XVIIe siècle originaire de la région de l'actuelle Shanghai. Certains attribuent également la paternité mythologique du style au général Yue Fei de la dynastie des Song au XIIe siècle. Des liens avec Shaolin sont suggérés par la pratique de la méthode Xing Yi Ba à l'intérieur du temple.
Selon la légende, Ji Ji Ke (姬際可), également connu sous le nom de Ji Long Feng (姬龍峰), aurait découvert l'ancien manuel Xinyi/Xingyi de Yue Fei dans un temple. En fusionnant ces techniques avec celles des arts martiaux Shaolin, en mettant l'accent sur les techniques d'imitation animale et l'utilisation de la lance, il aurait créé le Xin Yi Liu He Quan (心意六合拳), ou "Boxe des Six Harmonies du Cœur et de l'Esprit". Cependant, les détails précis de ses pratiques et enseignements restent flous.
Les arts martiaux de Ji auraient été transmis à la communauté musulmane du Henan, puis à la famille Dai (戴), dirigée par Dai Long Bang (戴龍邦), qui gérait une société d'escorte de sécurité appelée Bao Biao (保镖). Ces escortes étaient expertes dans les combats à mains nues et avec des armes blanches, protégeant les marchands et l'élite des dangers des routes chinoises anciennes, infestées de bandits.
Dai Long Bang aurait appris le Xin Yi auprès de l'élève de Ji, Cao Ji Wu, et aurait fusionné ces techniques avec son propre style familial pour créer le Dai Xin Yi Quan.
Dans les années 1800, marquées par le déclin de la dynastie Qing et la rébellion des Taiping, Li Luo Neng (李洛能), également connu sous le nom de Li Neng Ran, aurait appris l'art du Xin Yi Quan auprès de la famille Dai. Bien que Li fût initialement un agriculteur, il possédait probablement des terres et était commerçant, avec une expérience antérieure dans le Chang Quan ou Long Fist. Bien qu'originaire du Hebei, il se rendit dans la province du Shanxi pour étudier les arts martiaux auprès de la famille Dai.
Li Luo Neng aurait combiné les techniques qu'il a apprises de la famille Dai avec ses propres connaissances martiales, donnant naissance au Xing Yi Quan moderne. Il est suggéré que Li a pu recevoir son enseignement non pas directement de Dai Long Bang, mais plutôt d'un élève de Dai nommé Guo Weihan (郭维翰). Guo aurait concentré son enseignement sur les aspects martiaux plutôt que sur les pratiques internes du système familial Dai, expliquant les différences entre Xin Yi Quan et Xing Yi Quan, notamment en termes de techniques animales et d'éléments. Cependant, l'implication de Guo Weihan dans la création du Xing Yi Quan reste sujette à débat, avec des preuves limitées pour étayer cette hypothèse.
Les trois grands courants significatifs au 18ème siècle:
- Shanxi : L'école du Shanxi, issue de Ji Longfeng, se divise en deux embranchements.
- Henan : L'école du Henan, fondée par Maître Ma Xueli, adopte une approche musulmane basée sur dix techniques zoomorphes.
- Hebei : L'école du Hebei, réputée au point que les convois commerciaux évitaient d'attirer l'attention des bandits, met en lumière la puissance et l'efficacité du Xing Yi Quan.
Quelques Figures Importantes :
- Guo YunShen (alias Fo Jun Sha – la « Paume Assassine du Bouddha » ou « Paume Divine »)
Au 19e siècle, Guo YunShen a émergé comme une figure clé, reconnue pour sa force et sa maîtrise de l'art. Son influence s'étend principalement à deux styles majeurs : le Xing Yi Quan, inspiré du taoïsme et de la théorie des 5 éléments, et le XinYi Liu He Quan, qui trouve ses racines dans la communauté musulmane Hui du Henan.
- Li Lo Neng (Li Neng Jan)
Li Lo Neng (Li Neng Jan), le Maître de Guo Yunshen, a joué un rôle clé dans l'évolution du Xing Yi Quan en introduisant le concept de Yiquan. Né en 1807 à Shenzhou City, province du Hebei, il a bénéficié d'une solide formation en Bafanquan et Tongbeiquan dès son jeune âge. En 1845, à l'âge de 37 ans, il a déménagé à Taigu dans la province du Shanxi pour des raisons professionnelles, débutant l'apprentissage de la version de la famille Dai du Xinyiquan la même année. De retour dans sa ville natale à l'âge de 63 ans en 1871, Li Lo Neng a continué à promouvoir l'art du Xingyiquan jusqu'à sa mort en 1890, marquant ainsi la phase du Hebei Xingyiquan de cet art martial. Li Lo Neng, en cherchant à se distinguer de la forme orthodoxe, a modifié l'appellation Xing Yi Quan en Yi Quan, mettant en avant l'importance de l'intention (Yi) par rapport à la simple "forme" (Xing). Il a éliminé les "formes" de son enseignement, privilégiant une approche spontanée, conduisant ainsi ses successeurs à se référer à cette pratique sous le nom de Yi Quan (I Chuan) ou à lui attribuer des noms spécifiques propres à chaque école. Cette tendance, connue comme la forme dite naturelle, inclut diverses écoles du courant "évolutif" du Xing Yi Quan, telles que Liuhe Yi Quan (Liu Ho I Chuan), un terme utilisé par le Général Yue Fei pour décrire son enseignement du "Poing de l'Intention et des Six Harmonies". Cette dénomination, ainsi que la référence à Yue Fei, sont inscrites sur la tombe de Guo Yunshen, faisant de Yue Fei le premier à historiquement utiliser le terme Yi Quan.
- Wang XiangZhai
Après l'année 1949, Wang XiangZhai a joué un rôle déterminant en optant exclusivement pour le terme Yi Quan pour désigner son école, bien que son nom d'origine ait été Dacheng Quan. Cette décision a eu un impact significatif en clarifiant la terminologie et en établissant Yiquan comme une expression distincte de l'intention martiale. Initialement, la coexistence des termes Yiquan et Dacheng Quan a généré une certaine confusion au sein de la communauté des pratiquants. Néanmoins, malgré ces variations de dénomination, Yi Quan demeure une expression puissante de l'intention martiale, étroitement liée à l'évolution et à la diversification du Xing Yi Quan à travers les époques.
Dans ce contexte, Dacheng Quan, également appelé Ta Cheng Chuan, était le nom initial de l'école de Wang XiangZhai lorsqu'il a reçu l'autorisation de transmettre cet enseignement de son Maître Guo Yunshen (Kuo Yunshen, alias Fo Junsha, la célèbre "Paume Divine" ou "Paume Assassine du Bouddha"). Souvent mal interprété comme "Grand Achèvement" ou "Grande Réalisation", Dacheng Quan trouve une signification plus juste dans le concept de "Grand Dénouement", symbolisant un recommencement continu plutôt qu'une notion de réalisation définitive. Cette perspective est en accord avec la tradition chinoise qui ne reconnaît ni la "création" ni l'"achèvement" mais plutôt une transformation constante, soulignant ainsi la "Grande Simplicité" inhérente à ce processus dynamique.
L'évolution de Dacheng Quan vers Yi Quan par Wang XiangZhai représente une étape significative dans le développement de cette école d'arts martiaux chinois, contribuant à forger son identité distincte au sein de la riche tradition du Xing Yi Quan. (Article sur Wang XiangZhai)
Caractéristiques Techniques :
Le Xing Yi Quan se distingue par ses mouvements d'une explosivité remarquable et des frappes percutantes, accompagnés de déplacements tant linéaires que zigzagants. Sa stratégie de combat linéaire repose sur une connexion profonde à la terre et l'application habile de la force interne, conférant à cet art martial une efficacité redoutable. L'accent mis sur la puissance générée à partir du centre du pratiquant, combiné à des techniques de frappe directe et puissante, constitue une signature distinctive du Xing Yi Quan.
Les étudiants débutent par cinq mouvements fondamentaux, appelés "Wuxing" ou "Wuquan", représentant les cinq éléments. Chaque mouvement exprime la force, l'ouverture, et la fermeture, suivant les principes de la théorie des cinq éléments. L'approche du Xing Yi Quan met l'accent sur la destruction, la surmonte, et la rétention, chaque mouvement favorisant, produisant, ou provoquant les autres.
Le Xing Yi Quan en action ressemble à l'impact d'un rayon de lumière, voyageant rapidement en ligne droite au centre de l'adversaire. Peu de mouvements défensifs sophistiqués, l'accent est mis sur le développement de la puissance interne et la protection dynamique du corps.
En conclusion, le Xing Yi Quan dévoile une richesse historique et technique inégalée, où la tradition ancienne fusionne avec la puissance interne. Explorez cette art martial intemporelle, comprenez les éléments qui le sous-tendent, et plongez dans un monde où la forme et l'intention s'entrelacent harmonieusement.
Sources:
anyda.free.fr - HISTOIRE DU YI QUAN
yizong.org - Xing Yi Quan
tao-yin.fr - Inauguration du mémorial de Li Laoneng et du Xing Yi Quan
letao.fr - Filiation
grounddragonma.com - A Brief History of Xing Yi Quan
wikipedia.org - Xingyiquan