Le legs cinématographique de Chang Cheh, né le 1er janvier 1923 et décédé le 23 juin 2002, demeure un pilier incontesté de l'industrie cinématographique hongkongaise, en particulier au sein de la légendaire compagnie Shaw Brothers. Sa réputation s'est solidifiée grâce à un style de réalisation unique, conjuguant élégance et violence, beauté et terreur, esthétique et brutalité. Chang Cheh s'est affirmé comme le représentant incontournable d'un nouveau genre cinématographique en son temps, avec une filmographie en tant que réalisateur et scénariste comprenant près de 150 films.
Il est souvent décrit comme le père du renouveau du Wu Xian Pian, introduisant des éléments de violence pure, de sang rouge vif, de douleur, d'agonie et de mort dans ses œuvres, tout en mettant en scène des héros impeccablement vêtus et élégants à l'écran. Cependant, sa réputation a également été entachée par des critiques liées à la réduction des rôles féminins à des positions mineures, contribuant à l'émergence de perceptions controversées, voire de stéréotypes de misogynie ou d'homosexualité non avouée.
L'année 1966 marque un tournant décisif dans la carrière de Chang Cheh avec la réalisation de "One-Armed Swordsman", instaurant un style cinématographique fondé sur une nouvelle normalité inspirée des films japonais et de la littérature chinoise de l'époque, caractérisée par des héros sanguinaires. Le succès de ce film incite la Shaw Brothers à lui confier d'autres projets dans le même esprit, donnant naissance à des œuvres mémorables telles que "Golden Swallow" (1968) et "Return of One-Armed Swordsman" (1969). La collaboration étroite avec le réalisateur Liu Chia-Liang aboutit en 1971 à un succès mondial avec une diffusion internationale, renversant la tendance du cinéma d'arts martiaux.
À partir de 1971, avec la sortie de "Big Boss" mettant en vedette Bruce Lee, le cinéma de Chang Cheh entame un déclin progressif, en parallèle avec une période de séparation d'avec Liu Chia-Liang. Néanmoins, une parade est trouvée à l'ascension fulgurante de Bruce Lee à travers deux derniers travaux en collaboration, "Five Shaolin Masters" (1974) et "Disciples of Shaolin" (1975), où Chang Cheh explore le véritable kung-fu chinois.
Chang Cheh continue de tourner des films jusqu'en 1993, tout en poursuivant une carrière de scénariste. Face à la concurrence croissante de nouveaux talents tels que Jackie Chan, Samo Hung, Tsui Hark, John Woo, et même Liu Chia-Liang, Chang Cheh diversifie son répertoire en réalisant de nouvelles séries telles que "Brave Archer" (3 épisodes) ou "Five Venoms".
Son décès en 2002 laisse derrière lui des joyaux incontournables du cinéma de la Shaw Brothers, qui sont désormais intégrés au patrimoine cinématographique de Hong Kong, ravivé grâce à Celestial.
À noter et surtout à découvrir :
Une partie des films de Chang Cheh et de la Shaw Brothers est disponible en zone 2 chez l'éditeur Wild Side Video.